• le 29 novembre 2020

VEILLEZ !

Matthias HELMLINGER

Marc 13 versets 32 à 37

Il y eut un soir, il y eut un matin : jour Un. Ge 1.5. Toute la création est tendue vers l’attente de ce matin, ce jour Un.

Jésus dit : Personne ne connaît ce jour. Veillez donc.

Le Jour Un de la création commence par le soir et finit par le matin. Notre rédemption commence par le soir et finit par le matin : Jésus a été arrêté en pleine nuit. Cette nuit dans laquelle Jésus a été arrêté, est évoquée dans notre texte par les quatre veilles de la nuit : soir, minuit, chant du coq, tôt le matin. Le soir, Jésus a pris un dernier repas avec ses disciples, il s’est donné en nourriture et en breuvage. Puis il est allé prier dans le jardin de Getsémané, où il a affronté l’angoisse mortelle, à tel point mortelle, qu’il a transpiré du sang. Il aurait pu mourir, si un ange n’était venu le fortifier pour supporter jusqu’au bout cette nuit atroce. A minuit on vient l’arrêter, il aurait encore pu mourir, mais ce sont ses disciples pour qui il intercède, pour qu’on les laisse partir. Au chant du coq, c’est le reniement de Pierre, les interrogatoires que Jésus doit subir de la part du tribunal religieux juif. Au petit matin, c’est l’interrogatoire devant Pilate, qui décidé de sa condamnation à mort. Une nuit d’angoisse, d’incertitudes. Une nuit où Jésus est livré aux mains des hommes, totalement, complètement, sans échappatoires. Qui d’entre nous a déjà vécu cela : ce qui se passe dans une âme humaine, quand notre vie est en d’autres mains que les nôtres, dans des mains hostiles ? Jésus a vécu cela toute une nuit. Mais cette nuit, où il ne pouvait plus rien contrôler, il l’avait bien préparée dans la prière, il a tenu bon, il a prié aussi pendant cette nuit, il n’a jamais cessé de prier, de veiller en prévision de cette nuit. Mais est venue le moment de la traverser et il l’a traversée pour nous, dans l’incertitude complète, parce qu’il était livré entre les mains des hommes. Et nous voyons, nous ne cessons de voir ce que les mains des hommes peuvent faire aux êtres innocents, combien ces mains sont impitoyables, combien les cœurs sont durs, combien les yeux sont aveugles devant la souffrance des autres, et les consciences blindées, même devant l’évidence des souffrances des autres. Jésus a traversé la nuit de ce monde, il a traversé la nuit où nous sommes. Il avait un secret : il a veillé. Et ce secret, il nous le transmet : veillez ! C’est le programme de toute vie chrétienne, parce que c’était le programme de Jésus : veiller. Et ici, Jésus ajoute même : je le dis à tous, « veillez ». A tous, pas seulement aux chrétiens. Alors, nous sommes dans la nuit, le jour n’est pas encore arrivé. Mais dans cette nuit, nous avons vu quelqu’un qui a veillé, dans cette nuit, nous avons vu quelqu’un qui n’exerçait plus un pouvoir, au contraire, ce sont les autres qui avaient pouvoir sur lui. Dans cette nuit, il n’avait plus que le pouvoir de nous aimer, dans cette nuit, où il a été livré aux mains d’hommes violents et méchants, dans cette nuit nous avons vu quelqu’un qui faisait la volonté de son Père, ce quelqu’un, c’est Jésus. Et maintenant je corrige ce que je viens de dire ; j’ai dit que le jour n’est pas encore arrivé. En prononçant ce nom : Jésus, je dis : le jour est arrivé. Partout où il est avec nous, c’est le jour pour nous.

Vous êtes ici dans une Eglise. Une Eglise parmi d’autres. L’Eglise avec un grand E, a une façon de commencer l’année, différente de l’année civile. Dans l’Eglise, l’année commence à l’Avent, la période qui précède Noël. Noël, c’est la venue du jour en pleine nuit, la venue de Jésus en ce monde. Et l’Eglise médite les textes qui parlent de la venue de Jésus que nous attendons dans la gloire. Ce sera le Jour Un dont parlent les premiers versets de la Bible. Notre horizon n’est pas atteint, mais nous l’attendons, le matin arrive et ce sera Jésus qui nous a aimés et qui est maintenant dans la gloire de son Père. Il viendra dans cette gloire, il ne viendra pas seul, il sera accompagné des saints anges et de tous ses élus, qui auront veillé avec lui. Cette venue se fera brusquement. On ne sait pas quand. Ça peut être plus tôt que prévu ou plus tard que prévu. Toute la nuit, il faudra veiller. Pas seulement au début, pas seulement à la fin de la nuit. Toute la nuit. Le Maître peut venir à n’importe quel moment de la nuit. Nous sommes dans l’incertitude complète. Cette incertitude est voulue par Dieu le Père, qui n’a même pas révélé à son Fils le jour et l’heure. Comme Jésus, nous devons nous en remettre au Père et lui laisser sa part, c’est à Lui qu’appartient la décision finale. 

Nous annonçons un Jésus qui est déjà venu et qui va encore venir dans ce qui lui appartient. Le Maître de la maison est parti, mais il n’a pas emporté les clés, il n’a pas cadenassé sa maison, empêchant qu’on l’utilise à bon escient. Jésus nous laisse gérer sa maison. Il nous laisse gérer nos affaires, notre corps, nos relations humaines. Mais tout lui appartient. Nous pouvons lui demander de l’aide pour gérer, et c’est aussi cela, veiller. Un père de l’Eglise a dit : prie comme si tout dépendait de toi et agis comme si tout dépendait de Dieu. Celui qui cherche la perfection dans son action ne fera jamais rien, car la perfection viendra quand le jour viendra, quand le Ressuscité mettra le point final à notre œuvre. Nous agissons souvent dans beaucoup d’incertitudes, nous confiant au Seigneur pour mener tout à bon terme. Si nous nous regardons sans cesse, attendant que nos désirs soient parfaits, que nos intentions soient parfaites, quand agirons-nous ? Il y a tant à faire, et ce sera toujours imparfait, tant que le Seigneur ressuscité ne revient pas. Veiller, ce n’est pas rester sans rien faire. Quand Jésus viendra, nous ne pourrons pas avancer comme excuse le fait qu’on est dans la nuit. Il nous dit dans cette parabole qu’il est Celui à qui tout appartient, tout : nous-mêmes, notre maison, notre prochain, tous ceux qui vivent dans ce monde. Tout lui appartient. A nous de veiller à lui ouvrir quand il viendra, et qu’il nous dira : ici, c’est chez moi, merci d’avoir veillé.

Laisser un commentaire

Merci d'entre votre nom.
Merci d'écrire un commentaire.

Lire également…