• le 8 mai 2022

MES BREBIS ENTENDENT MA VOIX

Sophie HELMLINGER

Jean 10.24-31 

Dans le chapitre où se trouve le texte d’aujourd’hui, Jésus est dans le temple, il nous est dit qu’il va et vient dans le temple et Il enseigne en parlant de bergerie, de porte, du berger, des brebis.

Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que le temple est un endroit particulier, un lieu saint. Ceux qui le fréquentent ne sont pas des badauds lambda.  Ce sont des Juifs religieux, des gardiens de la Parole de Dieu. Ils viennent offrir des sacrifices et prier. Ce sont des hommes qui font tout pour Le respecter, obéir à ses commandements. Des hommes qui connaissent sans doute des pans entiers de la Bible par cœur, qui prient plusieurs fois par jour. Dans le chapitre précédent, certains rappellent qu’ils sont disciples de Moïse. Ils croient à ce qui leur a été rapporté de la gloire de Dieu. Ils croient à tous les miracles que l’on s’est raconté de générations en générations. 

S’il y en a qui veulent honorer Dieu, c’est bien eux ! S’il y en a qui attendent le Messie promis dans les Ecritures, c’est bien eux !

Le texte nous dit aussi qu’ils ont déjà entendu l’enseignement de Jésus. C’est de Jésus Lui-même qu’on l’apprend : lorsque les Juifs du temple lui disent : « Bon, maintenant, sois plus clair stp. Si u es le Messie, dis-le- nous vite. » Jésus leur répond : « Je vous l’ai déjà dit mais vous ne me croyez pas. » 

On ne peut donc pas dire : « les pauvres, ils n’ont pas été éclairés par la bonne nouvelle de Jésus, ils sont encore dans le noir, ils n’ont pas reçu sa lumière. » 

Si !!! Jésus les a déjà enseignés, mais ils ne l’ont pas reçue. Pourquoi ? C’est Jésus qui l’explique : « Je vous l’ai déjà dit mais vous ne me croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis. »

Comment ça ???? 

On peut tout bien faire comme il faut, être assidu à la prière, au temple, donner de son temps, de son argent, de sa personne pour l’Eglise, connaître la Bible par cœur et ne pas faire partie de la bergerie ? oui ! c’est possible. C’est ce que Jésus a dit à ces Juifs religieux dans le temple. Waouh ! Je crois que je l’ai déjà prêché ici, mais comme cette réalité m’a sauté encore à la figure, je recommence. Encore une fois, ce texte m’a reposé une question. 

Si j’utilise notre bon vieux patois de Canaan, je dirais : « Suis-je un pharisien ou bien un disciple de Jésus ? ». Si j’utilise le langage de cette parabole : « Suis-je en dedans ou en dehors de la bergerie ? ». 

Alors, un petit rappel : comment faire pour appartenir à la bergerie ? c’est simple et en même temps mystérieux. Jésus utilise une image simple : des moutons, un enclos, une porte : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. Je leur donne la vie éternelle et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. » 

« Entre par moi » : ça veut accepter qu’il n’y a qu’une seule façon d’accéder au Père, c’est de croire que Jésus est mort et ressuscité pour que je vive. C’est Lui le chemin qui mène au Père. C’est accepter que je n’ai rien à faire pour « gagner une place au paradis. » Elle ne s’achète pas, elle se reçoit. C’est gratuit. C’est accepter que je n’ai à faire que pour être aimée telle que je suis. C’est Jésus qui a tout fait pour moi. Et Lui seul. C’est accepter que ce que nous demande Dieu, c’est pour rester sur un chemin de vie, et non de mort. Parce qu’Il veut la vie pour nous.

C’est mystérieux, impossible à expliquer vraiment. C’est une expérience à vivre. Jésus est la porte, j’entre par cette porte là et je suis dans la bergerie. C’est fait. 

Saint Esprit, vient révéler ce que des mots ne peuvent pas dire en totalité ! amen

Alors je reviens à mes questionnements.

Si j’ai l’assurance d’être dans la bergerie, suis-je, dans mon cœur et quelque soit l’âge de mes artères un jeune agneau prêt à suivre son berger dès qu’il entend sa voix ou bien une vieille brebis pleine de certitudes, d’habitudes, de repères qui m’ont encroûtée ? Est-ce que je suis le berger par confort de l’habitude ou par amour et confiance ? Suis-je devenu un mouton de panurge ? Suis-je devenue sourde et aveugle ? 

Revenons à nos moutons, je veux dire, au texte, si vous le voulez bien. 

Justement, Jésus donne cet enseignement après avoir ouvert les yeux d’un aveugle de naissance, guérison qui a suscité une sévère controverse. Il a reçu la vision de qui est Jésus. Il a adoré Jésus comme Fils d’homme, Dieu d’Israël. On imagine la joie qu’il a pu ressentir ; et au bout du compte, il finalement été jeté hors du temple.

Il a donc non seulement reçu des yeux qu’il n’avait jamais eus, mais aussi des oreilles pour entendre véritablement les paroles de Jésus. Car les paroles de Jésus sont impossibles à entendre sans que Dieu le Père nous enseigne lui-même directement pour suppléer à notre aveuglement et à notre surdité congénitale. C’est ce qui fait dire à Jésus qu’il y en a toujours deux qui parlent, quand il parle : lui et le Père. Il y en a toujours deux qui agissent, quand il agit : lui et son Père.

Bien souvent, en tant que chrétien, je me surprends à reprocher au monde son aveuglement quant à l’évangile : pourquoi les gens sont-ils si peu nombreux à croire en l’évangile ? La pente naturelle de notre pensée, c’est de se dire que ce monde est aveugle. Ce n’est pas faux, mais ce qui est faux, c’est d’enfermer le monde dans cet aveuglement, de le condamner. Cela, Jésus ne le fait pas. De plus, nous sommes bien souvent aveugles sur nous-mêmes et ce sont parfois les non-croyants qui doivent nous ouvrir les yeux sur nos propres fautes.

Quand Jésus parle des brebis qui entendent sa voix, les gens ont sous les yeux cet homme aveugle de naissance, qui a reçu la vue, qui a cru en Jésus comme Fils de l’homme, et qu’ils ont jeté hors du temple. Cet aveugle de naissance devenu voyant et croyant est un de ces brebis qui ont entendu la voix de leur berger. 

Mais qu’est-ce que cet homme aveugle de naissance a bien pu faire pour recevoir la vue ? Tout d’abord : rien ! C’est Jésus qui l’a vu en premier. Lui ne pouvait pas voir Jésus. C’est Jésus qui a coupé court à la discussion de ses disciples sur le péché que cet homme (ou ses parents) a bien pu commettre pour avoir été mis au monde dans cet état : aveugle. 

C’est Jésus qui prend l’initiative pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui (Jn 9.3). Jésus lui met de la boue sur les yeux, boue qu’il a faite avec sa propre salive. Il rajoute donc une couche à son aveuglement. Et il lui dit d’aller se baigner à la piscine de Siloé. 

Là maintenant, l’aveugle peut faire quelque chose par lui-même. Il peut choisir d’obéir ou pas à la Parole de Jésus, d’aller ou non à la piscine de Siloé et de s’y baigner. Il choisit d’aller à la piscine de Siloé. Il choisit de faire ce que Jésus lui a dit et il revient voyant. 

Aujourd’hui nous n’avons pas de piscine de Siloé pour obéir à la Parole de Jésus et y recevoir la vue, y recevoir des yeux qui nous permettraient de voir Dieu lui-même tel qu’il est en Jésus. 

Parce que nous sommes aveugles, n’est-ce pas ? Ça fait partie de notre nature : nous sommes aveugles sur notre péché, nous sommes aveugles sur les grâces qui nous sont faites, nous ne voyons pas la gloire de Dieu, naturellement. Nous ne voyons pas toujours ce qu’Il nous demande, nous ne comprenons pas toujours ce que nous lisons de la Bible. etc etc.

Alors comment pouvons-nous obéir à cette parole de Jésus aujourd’hui et nous y baigner pour recevoir la vue ?

Il faut savoir que Siloé signifie en hébreu « envoyé ». Jésus est l’envoyé du Père. C’est en Lui que nous devons aller nous baigner. C’est le sens de notre baptême : nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus. Nous ne nous sommes pas donnés nous-mêmes le baptême. C’est l’Eglise, le corps du Christ qui nous a donné le baptême. 

Mais il y a quelque chose que nous avons à faire nous-mêmes. C’est se vautrer en Jésus, si vous me permettez l’expression. Se laisser aller avec abandon en Lui ; rechercher la présence de Jésus. Enfin, il n’y a pas besoin de la chercher, elle est. A nous d’ouvrir la porte.

Se laisser aller avec abandon dans les bras du Père auquel Jésus nous conduit. Se vautrer dans l’onction du saint Esprit que nous a laissé Jésus en partant, s’y abandonner. 

Demeurer simplement, tel qu’on est, au pied de la croix pour recevoir tout ce que Jésus a à nous donner de l’amour du Père à cet endroit. Adorer Jésus qui a été envoyé par Dieu pour que nous soyons fils et filles de Dieu. Bien aimés du Père. Prunelles de ses yeux, chouchous de son cœur. C’est comme ça que nous pouvons sortir de notre aveuglement. En demeurant en Jésus.

Laisser un commentaire

Merci d'entre votre nom.
Merci d'écrire un commentaire.

Lire également…