• le 2 mai 2021

JE SUIS LA VRAIE VIGNE

Matthias HELMLINGER

Moi, je suis la vigne véritable. C’est ainsi que commence cette nouvelle partie de l’enseignement de Jésus lors de son dernier repas avec les disciples. Dieu le Père a toujours voulu avoir une vigne sur cette terre. Il a toujours agi dans ce sens. C’est Israël qu’il appelle sa vigne, à maintes reprises dans les prophètes. Dieu a fait fort pour avoir une vigne implantée sur cette terre. Pour avoir un corps, un peuple qui réponde par des fruits à son amour, à son activité incessante, puissante.

Voilà que Jésus révèle à ses disciples que cette vigne, c’est Lui. Il est Israël. Il est à l’origine d’Israël, il est celui qui fait vivre Israël, il est la vigne véritable.  Quand Jésus dit « je suis la vigne, la véritable » ses disciples ont tout de suite sous les yeux la vigne qui orne la façade Est du temple de Jérusalem. Une vigne en or massif. Chaque Israélite qui voulait remercier Dieu pour un exaucement, pouvait apporter une petite partie de cette vigne qu’on ajoutait alors aux sarments, aux fruits qui ornaient la façade du temple. Cela devait être un spectacle inoubliable, quand le matin, le soleil levant faisait briller cette vigne en or massif, un spectacle qu’on pouvait facilement contempler depuis le mont des Oliviers où Jésus et ses disciples passaient la nuit.

Moi, je suis la vigne, la véritable. Pourquoi Dieu, le Dieu d’Israël, le Dieu vivant veut-il une vigne ? Pourquoi un vigneron plante-t-il une vigne, à votre avis ? Pour qu’elle produise du raisin, n’est-ce pas ? Jésus dit que le vigneron, c’est son Père. Le vigneron vise une chose, une seule chose quand il plante une vigne et s’en occupe : le fruit. Il n’a pas d’autre objectif. La vigne n’est absolument pas là pour la décoration. Pour qu’il y ait du fruit, le vigneron taille sans cesse les sarments. En grec, « tailler » se dit « purifier ». On comprend mieux pourquoi Jésus ajoute : « déjà, vous êtes purifiés par la Parole que je vous ai dite ». On pense d’abord aux épreuves, quand on pense à purification. Ce n’est pas faux. Mais le premier moyen par lequel le Seigneur purifie les sarments, c’est sa parole. Je l’ai déjà dit dans une prédication précédente, mais j’aime le redire. Il existe un homme de théâtre chrétien, qui a appris l’évangile de Jean par cœur. Je l’ai entendu le réciter, seul sur scène, sans aucun décor, pendant toute une soirée. Il nous a confié qu’il avait fait assister ses étudiants non chrétiens, qui prenaient des cours de théâtre avec lui, à une de ces soirées. Une étudiante après le spectacle, si on peut l’appeler ainsi, lui a dit : « je me suis sentie purifiée ». La parole de Jésus purifie. On ne le dira jamais assez.

Elle nous purifie de toutes nos fausses idées sur Dieu, sur ce que devrait être l’amour de Dieu. Imaginez que Dieu montre comment il est amour selon le désir de chacun. Imaginez que chacun puisse décider lui-même qu’est-ce qui prouverait que Dieu est amour. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits.  Quand j’étais adolescent, j’avais de la difficulté à croire que Dieu est amour, alors que des enfants meurent de faim dans le monde. Dieu a montré qu’il est amour. Il l’a montré d’une façon que personne ne pourra jamais contester. On pourra s’en moquer, mais on ne pourra pas nier que Jésus est né de la Vierge Marie dans des circonstances dramatiques à l’époque, qu’il a fait des guérisons malgré l’opposition acharnée de personnes haut placées et qu’il a enseigné contre vents et marées la Parole de Dieu, jusqu’à ce que l’opposition arrive à son comble et qu’on le crucifie. Dieu a choisi le temps, le lieu, le peuple où il allait prouver son amour à la face du monde entier. C’est Dieu qui choisit de démontrer son amour et personne ne peut ouvrir le bec quand il est un jour devant l’évidence qu’il est aimé de Dieu. Mais voilà : tout est en son Fils, qui nous dit : je suis la vigne, la véritable. C’est une grâce, d’entendre une telle parole. Dieu est amour en lui-même. Le Père aime le Fils, le Fils aime le Père et leur relation d’amour, c’est encore une personne : le Saint-Esprit. Cet amour est de toute éternité. Comment est-ce imaginable qu’une vigne soit implantée sur cette terre pour démontrer cet amour, tellement bien implantée qu’elle ne pourra plus jamais en être déracinée ? Est-il possible que l’amour divin ne soit plus séparable de notre terre, de notre humanité ? Avec notre imagination, c’est impossible. Mais rien n’est impossible à Dieu. Il a envoyé son Fils sur cette terre et au moment où ce fils voit arriver l’heure où il retourne auprès de son Père, ce fils nous dit : je suis la vigne, la véritable.

Cette vigne est définitivement implantée sur cette terre. En Ardèche, j’avais visité une grotte, dans cette grotte des racines pendaient depuis le plafond. Or, quand on sortait de la grotte, à la surface, il n’y avait qu’une vigne. Les racines de la vigne descendent très profond dans le sol. En Jésus, l’amour de Dieu est descendu en nous à une profondeur que nous ne pouvons même pas imaginer. Je préfère ne pas voir toute la saleté qu’il y a en moi. Je sais que j’en serais tout simplement anéanti. Mais pourquoi vouloir sonder la saleté qu’il y a en nous, alors que la Parole de Dieu nous purifie à une profondeur de nous-mêmes dont nous ne sommes pas conscients ? « Déjà vous êtes purs par la Parole que je vous ai dite », dit Jésus.

C’est donc déjà un étonnement, un sujet d’adoration incessant qui devrait se saisir de nous, quand nous entendons Jésus dire : « je suis la vigne, la véritable ». Quoi ? Dieu, Dieu le Créateur est enraciné dans la créature ? Quoi ? Dieu, le Dieu Amour vient se coltiner avec l’humanité qui  ne l’aime pas, qui ne veut pas de Lui et qui le lui fait bien sentir ? Oui ! Oui ! et oui ! « Je suis la vigne, la véritable ». C’est dit. Il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps, même si le monde se corrompt encore davantage. La vigne est là, elle ne disparaît pas. Jamais l’amour de Dieu ne disparaîtra, jamais !

Mais voilà maintenant un étonnement encore bien plus grand, après que Jésus ait dit « je suis la vigne, la véritable ». Il dit maintenant une chose de plus : « je suis la vigne, vous, les sarments ». Comment ? Ai-je bien entendu ? Jésus me dit que je suis un sarment, que j’ai été placé dans cette vigne qu’il est lui, véritablement ? Moi, un pécheur, un inconstant, un homme qui se voit toujours plus grand qu’il n’est, moi, Jésus, tu dis que je suis un sarment qui fait partie de toi ? Comment est-ce possible ? Comment cela s’est-il passé ? Car moi, je n’ai rien vu venir ! Croyez-vous, frères et sœurs que les disciples ont vu venir la résurrection ? Croyez-vous qu’ils ont dit, lorsque Jésus est ressuscité des morts : ah ! on le savait bien ! Non ! Lisez, lisez la Bible : ils ont été surpris, effrayés même, ils n’arrivaient pas y croire, ils n’en croyaient par leurs yeux, ni leurs oreilles. Tout était pourtant annoncé à l’avance, mais ils n’avaient rien compris, ils entendaient sans rien comprendre. Les rédacteurs des évangiles ne cessent de nous le dire : ils n’avaient rien compris. Mais les paroles de Jésus demeurent et ils ont découvert le véritable poids de ces paroles quand tout était fait, quand tout était accompli. Ils étaient des hommes nouveaux, remplis de l’Esprit, ils témoignaient, ils ne se laissaient pas effrayer par la haine, ils continuaient à parler de Jésus, la Vigne, la véritable, au même endroit où on avait justement crucifié Jésus, à Jérusalem. Vous savez, à Mossoul, capitale de l’état islamique pendant un certain temps, Jésus avait envoyé ses témoins au cœur même de la mosquée la plus radicale qui ait jamais existé. Des évangiles étaient distribués. Le chrétien qui  a fait cela a été retrouvé tué, c’était un jeune père de famille, et sa famille, sa femme et ses enfants étaient d’accord avec projet d’évangélisation.  La vigne, la véritable porte du fruit à travers ses sarments. Nous avons, dans les récits de l’église persécutée, tellement de témoignages de la volonté du vigneron qui veut que les sarments portent du fruit. C’est Dieu qui a mis les sarments sur sa vigne. C’est Dieu qui nous a mis dans le Christ. Il y eut un jour une révélation pour moi, quand j’ai compris que personne n’a encore vu des sarments se promener dans une vigne en tentant de se greffer sur un cep. Nous ne choisissons pas d’être dans le cep. Mais Jésus nous répète que nous pouvons choisir ou non d’y rester. Nous n’avons pas choisi d’être dans la vigne. C’est Jésus qui nous a choisis. Les deux sont donnés ensemble : la vigne et les sarments. Ils proviennent du même événement : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. C’est le sens de notre baptême. Nous ne nous sommes pas mis nous-mêmes dans la mort de Jésus, nous ne nous sommes pas mis nous-mêmes dans la résurrection de Jésus. C’est Dieu qui l’a fait. Le sarment se trouve dans la vigne par la Parole de Jésus qui nous l’annonce. Jésus quand il dit quelque chose, il fait ce qu’il dit.

Dieu a déjà plusieurs fois dans l’histoire d’Israël brûlé les sarments improductifs. Il a même brûlé tous les habitants de Jérusalem. Vous trouverez beaucoup de versets dans les prophètes où cela est dit explicitement. Dieu est capable de brûler les sarments qui ne produisent rien. Il en est capable, et il l’a déjà fait. Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, nous raconte comment le Seigneur brûlera Babylone. Tous ceux qui vivent pour l’argent seront stupéfaits de ce désastre. Et Babylone, ce n’est pas le monde extérieur à l’Eglise, c’est aussi l’Eglise. Dieu brûlera les sarments improductifs. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Et vis-à-vis des sarments productifs, qu’est-ce qu’il fait le vigneron ? Il les taille, il les purifie, il les fait toujours plus petits. Toujours à nouveau, il les raccourcit. J’ai vu un jour une vigne de plusieurs dizaines de mètres de haut, elle poussait au pied d’une falaise et avait couvert la falaise. Une vigne peut être très très grande, aussi grande que le plus grand des arbres. Alors pourquoi est-elle toujours si petite ? Pourquoi le vigneron ne la laisse pas grandir ? Parce qu’il n’en a rien à faire qu’elle grandisse ! Ce qui l’intéresse, c’est que les sarments portent du fruit. Ils en porteront encore plus, s’ils sont petits. Avant-hier, une bousculade a fait 45 morts dans un grand rassemblement de Juifs pieux en Galilée. Il y eut dans l’histoire de l’Eglise un pasteur qui a amené des milliers de personnes à la foi, c’est Charles Spurgeon. Mais lors d’une de ses prédications au début de son ministère, il y a eu un mouvement de foule, parce quelqu’un avait crié « au feu » et des gens sont morts. Pendant longtemps, il ne pouvait plus prêcher et toute sa vie, il a fait face à une profonde dépression. Il a écrit : j’ai des accès de dépression tellement effrayants que je ne souhaite à personne de connaître un tel abattement. Dieu a taillé cet homme et il a continué à prêcher en recevant toujours à nouveau la force de Dieu par le Saint-Esprit. Le plus grand de tous les prophètes, savez-vous comment il s’appelle ? Jésus a dit que c’est Jean-Baptiste. Vous savez tous ce qui est arrivé à Jean-Baptiste, comme son affaire a été vite réglée par Hérode.  En désignant Jésus Jean-Baptiste a résumé toute son ambition en ces termes : « il faut qu’il grandisse et que je diminue ». Voyez encore comment Dieu s’y prend quand un chrétien a du succès. Voyez l’apôtre Paul, il a croupi en prison très souvent. Il a été malade alors que tellement de malades ont été guéris par son ministère. Lui qui chassait les démons, il avait un ange de Satan à côté de lui. Le vigneron a taillé pour que cet homme porte encore plus de fruit. Vous voyez que Dieu n’agit pas comme nous. Si l’apôtre Paul avait été notre apôtre, nous l’aurions encouragé en lui payant un cheval et un bâteau, pour mieux se déplacer, en lui faisant avoir des autorisations de prêcher auprès des responsables politiques et religieux. A nos yeux, aux yeux humains Dieu le vigneron agit souvent de manière contre-productive. Mais le vigneron sait comment tailler les sarments. Il n’est pas fou. C’est le résultat qui compte. Et tous les emprisonnements de Paul nous ont valu des lettres que nous méditons encore aujourd’hui. Si Paul avait pu facilement se déplacer, il n’aurait pas écrit toutes les épîtres que nous ne cessons de méditer pour connaître qui est ce Jésus qui fait porter du fruit. Le chapitre sur l’amour de Jésus que l’apôtre Paul a placé dans son épître aux Corinthiens, est adressé à l’église qui l’a peut-être fait le plus souffrir. C’est cela, l’amour de Dieu : il aime ceux qui le font souffrir. Lorsque nous étions encore ennemis de Dieu, Christ est mort pour nous. L’amour de Dieu ne change pas. Dieu prouve encore aujourd’hui son amour de la même manière. Moi je suis la vigne, vous les sarments, dit Jésus. Quand Jésus a été oppressé jusqu’à devoir prier à Getsémané dans l’angoisse en transpirant du sang, la vigne a été implantée définitivement dans ce monde. Et les apôtres qui dormaient ont été greffés dessus. Ils l’ont compris plus tard. En attendant, c’est dit, c’est fait. J’ai rencontré un paroissien très très réformé, qui m’a dit : « je suis protestant depuis 500 ans ». Eh bien, osons dire : « je suis chrétien depuis 2000 ans ». Je suis un sarment depuis que la vigne a été implantée sur cette terre par Dieu le Père. L’amour que ce Père me manifeste en Son Fils, c’est le même amour qu’il veut manifester à tous. Cela ne dépend pas de mes capacités mais des siennes. Elles sont illimitées, car Jésus est mort et ressuscité. Cela ne dépend pas du fait que je sache parler ou agir, que j’aie plus ou moins de force, mais de la prière dans laquelle Jésus m’a introduit : « si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous adviendra ». Jésus n’a jamais agi ni vécu sans prière. Cela aussi, il l’a transmis. C’est sa joie. La vigne fait passer tout ce qu’elle est dans les sarments. Amen.

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