Mt 28,1-20
Lorsqu’un chrétien pense à Pâques, le premier mot qui lui vient à l’esprit, c’est « résurrection ». Jésus est ressuscité. La mort est vaincue. Il faut comprendre : vaincue définitivement. Car l’AT et le NT rapportent d’autres résurrections, soit avant, soit après celle de Jésus. Pensons au fils de la veuve de Sarepta (1 R 17,22), au fils de la Sunamite (2 R 4,34), à Lazare (Jn 11), à Tabitha (Act 9,40), à Eutychus (Act 20,9). De nos jours, des résurrections se produisent encore. Plusieurs d’entre nous ont entendu et vu un homme qui témoignait de sa propre résurrection.
Mais la résurrection de Jésus n’a rien de commun avec celles dont je viens de parler. Lazare et les autres sont tous repassés par la mort, ou vont y repasser, après avoir été ramenés à la vie. Leur résurrection a été temporaire, alors que celle de Jésus est définitive : Il est vivant pour l’éternité. C’est cette résurrection définitive qui nous donne l’espérance de notre résurrection définitive, lorsque Christ reviendra pour prendre avec Lui les élus, c’est-à-dire ceux qui auront placé leur confiance en Lui. « Tous les hommes meurent, écrit Paul, parce qu’ils sont liés à Adam ; de même, tous recevront la vie, parce qu’ils sont liés au Christ, mais chacun à son rang : Le Christ le premier de tous, puis ceux qui appartiennent au Christ, au moment où il viendra » (1 Co 15,22-23).
Savoir ceci, et le croire, est au centre de la foi chrétienne. Mais il y a quelque chose de plus important encore, concernant la résurrection de Jésus. En effet, si les croyants se contentent de se réjouir de ce que Jésus est ressuscité, en pensant seulement que cette résurrection est un avant-goût de leur propre résurrection, il leur manque la compréhension essentielle de ce qu’est la résurrection de Jésus. Que leur manque-t-il ? Jésus a voulu que sa mort et sa résurrection soient l’instrument du salut pour TOUS les hommes. La foi en sa résurrection doit donc se manifester, se traduire, s’incarner dans l’obéissance à sa Parole. Nous voyons que cela dépasse de très loin la paix et la joie de se savoir sauvé, si cette paix et cette joie sont égoïstes et égocentriques.
En dehors du fait que Jésus soit ressuscité, quels sont les versets les plus importants dans le récit de Matthieu ? Le tremblement de terre qui accompagne la venue de l’ange ? Non ! Les paroles de l’ange qui rassure les femmes ? Non ! Les paroles que Jésus adresse aux femmes ? Non ! Les magouilles des autorités qui veulent faire courir le bruit que Jésus n’est pas ressuscité, mais que ses disciples ont dérobé son corps ? Non ! Ce qui est le plus important, ce sont les 3 derniers versets du récit, lorsque Jésus dit à ses disciples : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Si vous avez la curiosité de chercher dans les 3 autres évangiles ce que Jésus enseigne à ses disciples après sa résurrection, vous constaterez qu’il reste dans le même thème : Il les mobilise, il les envoie apporter aux autres hommes la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ (Mc 16,15 ; Lc 24,46 ; Jn 20,21).
Si la foi en la résurrection de Jésus n’est pas pour nous un moteur puissant qui nous pousse à obéir à cet ordre, pour que le plus grand nombre d’hommes soient sauvés, si nous nous contentons d’espérer notre propre salut et notre propre résurrection, c’est que nous n’avons pas encore mesuré ce qu’est l’amour du Christ pour tous les hommes. Nous agissons exactement comme si Dieu n’avait qu’un seul enfant à sauver : Nous-même. « Je suis sauvé, c’est super ! Merci Seigneur ! »
L’individualisme forcené de notre temps ne nous aide pas à dépasser le cap de l’égoïsme. Le lieu commun qui claironne que « la foi est une affaire privée », ne nous aide pas non plus. Mais toutes ces forces contraires à la volonté de Dieu ne peuvent pas résister longtemps si nous nous laissons conduire par l’Esprit, et si nous comprenons ce que Jésus nous dit dans les 3 derniers versets de Matthieu, qui sont un peu comme les dernières volontés consignées dans un testament.
Jésus n’est pas naïf : Lorsqu’il envoyait ses disciples, et lorsqu’il nous demande d’aller vers les autres pour annoncer la Bonne Nouvelle, il sait que l’ennemi essaiera de s’y opposer, soit en paralysant ceux qui devraient l’annoncer, soit en endurcissant le cœur de ceux qui devraient la recevoir. C’est la raison pour laquelle il s’adresse à ses disciples, et à nous, en commençant par dire : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc… ». Cela veut dire : C’est à moi que le Père a donné tout pouvoir, et je vous le donne, ce pouvoir, pour que vous alliez annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Ce n’est pas un hasard non plus, s’il termine par cette promesse ; « Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » C’est comme s’il disait : « Vous ne serez jamais seul dans la mission que je vous confie ».
On ne répétera jamais assez que le rôle des disciples de tous les temps, c’est de continuer l’œuvre de Jésus lorsqu’il était présent parmi les hommes. Quelle œuvre ? Libération des hommes du péché et des puissances ; guérison des malades ; annonce de la Parole de Dieu. C’est à chaque génération de former des disciples ; pas simplement des paroissiens, ou des sympathisants de telle ou telle religion !
De quelle autorité Jésus se servait-il pour faire son œuvre lorsqu’il était parmi les hommes ? Uniquement de l’autorité de son Père, en ayant reçu le Saint-Esprit à son baptême : « Je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père » (Jn 5,19). Sans l’autorité reçue de son Père, Jésus n’aurait guéri aucun malade, ressuscité aucun mort, et sa prédication n’aurait jamais eu la force et l’impact qu’elle a eus.
Avec quelle autorité un disciple de notre temps, vous et moi, par exemple, va-t-il pouvoir continuer l’œuvre de Jésus ? Uniquement avec l’autorité du Christ ressuscité. Cette autorité, nous la recevons comme Jésus l’a reçue : En recevant le Saint-Esprit, lorsque nous lui avons confié toute notre vie. Sans le secours de l’Esprit-Saint, le croyant est sans arme et sans force devant un ennemi redoutable qui s’acharne à tout faire pour que les créatures de Dieu restent dans l’indifférence, dans l’incrédulité, dans l’opposition ou la révolte par rapport à Dieu.
Lorsque Jésus parle du pouvoir qui lui a été donné, et qu’il nous exhorte ensuite à faire des disciples, c’est une façon directe de nous dire : « Si vous accueillez mon Esprit, c’est moi qui vais agir à travers vous. Soyez simplement fidèles à ce que je vous demande, et vous me verrez agir avec puissance. »
Vous avez des doutes, par rapport à cette promesse ? Frères et sœurs, considérez ceci : Un ambassadeur agit avec le pouvoir et l’autorité que lui a donnés le chef de l’État dont il est le représentant. Pour régler une affaire dans un pays étranger, le chef d’État n’a pas besoin d’être sur place. Il délègue son pouvoir à son ambassadeur, qui agit en son nom, avec la même autorité. C’est exactement la même chose pour les disciples du Christ : Il n’agissent pas en leur nom, mais au nom du Christ, avec l’autorité et le pouvoir qu’ils ont reçus de Lui : « Jésus appela les douze et leur donna la puissance et l’autorité sur tous les démons, ainsi que le pouvoir de guérir les maladies. Il les envoya prêcher le Royaume de Dieu et guérir les malades. (Lc 9,1-2). Notez l’insistance de Jésus qui, dans le même verset, répète 2 fois « guérir les malades ». Ce n’est pas pour rien !
La foi en la résurrection de Jésus n’est pas une foi passive, nonchalante, frileuse, mondaine…C’est au contraire une foi engagée, entreprenante, bouillante, qui ne se décourage, ni devant les oppositions, les obstacles ou les échecs, car elle est constamment fortifiée par Celui qui fait de nous ses ambassadeurs, et qui a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (v. 20).
Quels meilleurs encouragements pourrions-nous avoir ? Nous n’avons pas à nous demander : Suis-je capable de témoigner ? Suis-je capable de visiter les malades et de prier avec eux ? Suis-je capable de prendre une part active dans la vie de l’église ? Nous sommes tous capables ! Parce que Jésus, qui a reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, nous dit à tous, sans exception : « ALLEZ DONC ; je suis avec vous tous les jours ! »
C’est Lui qui nous envoie, selon les capacités et les dons qu’il nous accorde. De plus, c’est Lui qui agit au travers de nous. Alors, n’invoquons pas d’excuses pour rester dans la passivité. Dieu connaît toutes les stratégies de notre esprit, et il veut nous guérir de rester confortablement installés dans la passivité ; car il nous veut agissant.
Frères et sœurs, nous croyons tous que Jésus est ressuscité ! C’est absolument nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Si nous voulons vraiment vivre la résurrection, il faut nous mettre en route, pour continuer son œuvre, comme Christ nous y invite : ALLEZ DONC !
