• le 23 novembre 2025

SAGESSE DU MONDE, SAGESSE DE DIEU

Alain NADAL

Pr 1,20-23 ; Pr 8,1-11; Pr 9.1-6 ; Eph 5.15-20

    Avez-vous remarqué que lorsqu’on imagine un sage, on se représente souvent un homme âgé avec une grande barbe blanche, calme dans ses attitudes et posé dans son discours. Ainsi, dans la compréhension commune, la sagesse est sensée venir avec l’âge et les expériences de la vie : plus on aurait vécu d’expériences, bonnes et mauvaises, plus on deviendrait sage. Voyons si la Bible entre dans cette logique.

  Le texte de ce matin représente la Sagesse sous les traits d’une femme énergique qui n’a de cesse de prévenir les humains qu’ils font fausse route s’ils n’écoutent pas les paroles de sagesse qu’elle leur adresse elle-même et par l’intermédiaire de ses servantes : « Jusqu’à quand, vous qui manquez d’expérience, aimerez-vous la naïveté ? Jusqu’à quand…les hommes stupides détesteront-ils la connaissance ? Revenez pourécouter mes reproches ! Je veux déverser mon Esprit sur vous,(Ez 36,26-27) je veux vous faire connaître mes paroles » (Pr 1,22-23). « Préférez mes instructions à l’argent, et la connaissance à l’or le plus précieux ! En effet, la sagesse vaut mieux que les perles, elle a plus de valeur que tout ce qu’on pourrait désirer » (Pr 8,10-11).

  Au chapitre 9, le texte nous dit que la Sagesse a construit sa maison, ornée de 7 colonnes. Dans la Bible, le chiffre 7 représente la plénitude et la perfection. La maison et celle qui l’a construite est parfaite et il n’y manque rien. Et c’est là qu’elle invite tous les humains à venir partager le festin qu’elle a préparé. Elle a envoyé ses servantes proclamer partout : « Qui manque d’expérience ? Qu’il entre ici ! » À ceux qui sont dépourvus de bon sens, elle dit : « Venez manger de mon pain, et boire du vin que j’ai mélangé ! Abandonnez la naïveté et vous vivrez, avancez sur la voie de l’intelligence ! » (Pr 9,4-6). 

  Ce festin nous fait penser à la « parabole des invités » où Jésus raconte qu’un invité préfère aller voir le champ qu’il vient d’acheter, un autre essayer une paire de bœufs, un autre partir en voyage de noces avec la femme qu’il vient d’épouser. Alors, comme il y a encore de la place au festin, le maître envoie ses serviteurs dans les villes, dans les chemins, partout, jusqu’à ce que la salle du festin soit pleine (Lc 14,15-24).

  Les passages que je vous ai lus insistent particulièrement sur la volonté qu’a la Sagesse de s’adresser à tous les hommes sans exception ; elle va là où se trouvent les hommes : « C’est au sommet des hauteurs près de la route, c’est à la croisée des chemins qu’elle se place ; à côté des portes, au seuil de la ville, à l’approche des entrées, elle fait entendre ses cris : hommes c’est à vous que je crie, et ma voix s’adresse aux humains » (Pr 8.2-4 ; Cf Pr 1.20-21).

  Dans le texte de Pr 9, l’invitation est surprenante, directe : Quiconque est stupide, qu’il fasse un détour par ici ! (v 4). La Sagesse ne caresse pas ceux qui l’entendent dans le sens du poil ; et elle a même l’air de sous-entendre qu’il y a beaucoup de stupides dans cette ville. Et elle leur donne un conseil : Venez, mangez de mon pain et buvez du vin que j’ai mêlé ; abandonnez la stupidité et vous vivrez, dirigez-vous dans la voie de l’intelligence ! 

  Remarquons une chose importante : L’endroit où elle invite a beau être magnifique, ce n’est pas le fait de s’y trouver qui va rendre intelligents les gens stupides. C’est le fait de manger la nourriture qu’elle a préparée. De même que ce n’est pas le fait d’entrer dans la plus belle des cathédrales ou le plus majestueux des temples qui va nous nourrir spirituellement ; c’est d’écouter et de mettre ne pratique ce qui y est enseigné.

  Deux remarques importantes : 

  1) L’intelligence dont parle la Sagesse n’a rien à voir avec les capacités intellectuelles ; il s’agit de l’intelligence du cœur animée par l’Esprit-saint.

   2) La nourriture dont elle parle (le pain et le vin, v. 5) n’est pas une nourriture physique (pour le corps), ni même intellectuelle (pour l’âme, c’est-à-dire, l’intelligence) ; c’est une nourriture spirituelle (pour l’esprit), c’est-à-dire capable d’établir, d’entretenir et d’approfondir un lien vivant entre Dieu et l’homme.

  En effet cette nourriture qui rend intelligent les stupides, c’est la Parole de Dieu. Souvenez-vous : Avant que son peuple entre dans la Terre promise, Dieu lui a dit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt 8.3) ; il voulait parler des commandements. Et Dieu ajouta : Reconnais en ton cœur que l’Eternel, ton Dieu, t’éduque comme un homme éduque son fils. Tu observeras les commandements de l’Eternel, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre (Dt 8.5-6). 

  Dans la Bible, Sagesse et Intelligence sont complémentaires (Pr 8.1). Cette sagesse et cette intelligence sont offertes aux hommes pour leur permettre d’entrer dans la connaissance de Dieu et dans l’obéissance à ce qu’il dit : Le début de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel, dit Proverbe (9.10). (Je rappelle que la crainte de Dieu n’est pas la peur que Dieu inspire. C’est le désir de l’honorer, de marcher dans ses voies et donc de lui obéir).

  Plusieurs textes du Nouveau Testament exhortent les hommes à rechercher la  sagesse et à rejeter la stupidité. Dans la parabole des 10 vierges (Mt 25.1-13), on voit que 5 d’entre elles sont dans l’attente de la rencontre avec l’époux. On sent que cette rencontre est au centre de leur vie, car elles prévoient de l’huile pour leurs lampes afin d’accueillir l’époux dignement lorsque’Il arrivera. Pour les 5 autres, cette rencontre est secondaire, et elles agissent avec légèreté et négligence : elles oublient de prendre de l’huile. Les unes sont qualifiées de sages ; les autres de folles.

  Même opposition sagesse/stupidité dans la parabole des deux hommes qui construisent leur maison (Mt 7.24-27) : l’un accorde de l’importance aux fondations ; il construit sur le rocher (de la Parole de Dieu). L’autre construit sur le sable (de la sagesse humaine). On sait ce qui est arrivé lorsque la tempête (de la vie) s’est levée ! Une maison a résisté, l’autre a été détruite.

  Dans le texte d’Ephésiens, on retrouve la même exhortation : Veillez donc avec soin sur votre conduite, non comme des fous, mais comme des sages. Si nous n’avions pas encore compris comment l’homme peut trouver la sagesse dont parle la Bible, le v 17 nous le dit clairement : C’est pourquoi ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Comprendre et faire la volonté de Dieu, voilà ce qu’est la sagesse. Cette volonté s’exprime dans les Écritures. Chacun peut donc en prendre connaissance. Nous voyons bien que la Sagesse, selon la Bible, n’est pas liée à l’âge, ni aux diverses expériences heureuses ou malheureuses que l’homme a pu faire.

  Dieu et Sagesse ne font qu’un. Il a tout préparé pour que les hommes qui se croient sages (parce qu’ils ont reçu et développé des capacités intellectuelles étonnantes ou parce qu’ils ont fait fortune) sortent de leur stupidité qui les conduit à l’impasse spirituelle. Il a envoyé les prophètes, au temps de l’Ancienne alliance, puis son propre Fils Jésus, puis les apôtres, et les disciples de toutes les époques, pour montrer aux hommes le chemin de la vraie sagesse, la sagesse selon Dieu. Jésus, l’incarnation de la Sagesse, a clairement prévenu tous les hommes : « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif (Jn 6.35).

  Et pourtant, beaucoup d’hommes préfèrent encore le pain et le vin que le monde leur offre. Ils s’en délectent sans modération jusqu’à être ivres de vanité, d’orgueil, de suffisance et de pouvoir. Mais lorsque l’ivresse est passée, c’est la gueule de bois de l’amertume et de la désespérance, de la solitude et du vide qui prend le relais. Car ce pain-là ne rassasie pas et ce vin-là ne désaltère pas l’âme. C’est comme une drogue qui maintient l’homme dans un état second, et qui le trompe sur le but de la vie. Le pain et le vin du monde ne comblent les désirs que pour un instant ; mais l’instant d’après, il laisse un vide dans le cœur et dans l’âme, car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu, dit Paul (1 Co 3.19). N’êtes-vous pas frappés par la fin souvent pitoyable de nombreux artistes ou vedettes du cinéma et de la chanson qui sombrent dans l’alcool, la drogue ou le suicide ?  Ils avaient la beauté, l’argent, la gloire, l’admiration (pour ne pas dire l’adulation) des foules, ainsi que tout ce que le monde peut offrir de plus beau : les palaces, les voitures et les demeures de luxe, les yachts, les fêtes grandioses, les voyages de rêve, les relations avec ceux qu’on appelle « les grands de ce monde »… bref, une vie que des dizaines de millions d’anonymes leur envient !

   Face au caractère flamboyant de ces vies montrées comme des modèles de réussites par les magazines people, que pèsent ces mots de l’apôtre ? : « Veillez donc avec soin sur votre conduite, non comme des fous mais comme des sages ; faites un bon usage du temps présent car les jours son mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit. » (Eph 5,15-18)

    Que pèsent-elles ces exhortations ? Elles  ne pèsent pas lourd pour ceux qui ont décliné l’invitation de la Sagesse à venir goûter les mets succulents qu’elle a préparés. On le voit bien autour de nous, parfois dans nos propres familles ! Combien d’hommes vivent comme si Dieu n’existait pas, comme si la Bible n’était qu’un simple conte pour utopistes invétérés !

   Et pour nous qui sommes dans ce temple ce matin, quel poids ont-elles ces exhortations ? Le menu spirituel que nous propose l’apôtre pour être rempli de l’Esprit est-il notre menu quotidien ? Ou bien est-ce le menu des occasions exceptionnelles ? Je lis le menu : « Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur ; rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ; soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du Christ. »  

   Ce que nous vivons au culte le dimanche matin, j’ai envie de dire que c’est un dessert supplémentaire, le dessert de fête de la semaine. Mais au cours des 6 autres jours, ayons des repas spirituels complets et équilibrés ! Accordons chaque jour une place d’honneur à la méditation de la Parole de Dieu et à la prière !

   On nous répète régulièrement qu’il faut manger 5 fruits et légumes chaque jour et faire au moins 30 minutes d’exercice physique quotidien pour bien se porter physiquement. Et nous essayons de mettre en pratique ce programme. Faisons de même pour notre santé spirituelle ! Ne soyons pas des chrétiens anorexiques ! Nourrissons-nous avec joie et reconnaissance de la nourriture spirituelle que nous offre l’Écriture ! Rendons grâce pour le privilège de pourvoir nous adresser à Dieu dans la prière, et de savoir qu’il nous entend ! Soyons reconnaissant de la grâce qui nous est offerte de pouvoir vivre la communion fraternelle ! Louons Dieu pour la bénédiction qu’il nous accorde : la joie de pouvoir le servir ! Consacrons-nous à Lui, Lui qui nous a aimé d’un amour si grand à travers Jésus !

    « Soyez remplis de l’Esprit-Saint », nous dit l’apôtre (Eph 15.18). Écoutons-le, car seul l’Esprit-Saint permet aux croyants de ne jamais confondre sagesse du monde et Sagesse de Dieu. Seul l’Esprit-Saint permet aussi de résister aux sirènes du monde et de choisir librement le chemin de vérité et de vie avec Christ.  

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