Jean 17 versets 20 à 26
Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vivre un truc tellement fort avec Dieu que vous brûlez d’envie que ceux que vous aimez puissent le vivre aussi ? Moi ça m’arrive souvent. Quand quand je vis un moment de louange et d’adoration qui me transporte devant le trône de Dieu, j’ai tellement envie que mes enfants y aient accès ! Quand je sens dans ma chair combien je suis aimée par Dieu, quand je vis un moment de communion intense avec lui, quand je reçois sa paix de façon manifeste, j’ai tellement envie que mes frères et sœurs de chair le vivent aussi. J’ai tellement envie que ça les fasse vivre ! Parce que je les aime et que je veux le meilleur pour eux.
Un jour, l’un d’eux m’a dit : « Oui, tu voudrais me forcer à croire en Dieu, ça te ferait plaisir. » Je lui ai répondu qu’il n’avait rien compris. Je n’ai envie de forcer personne, j’ai juste découvert une source extraordinaire et j’aimerais tant qu’ils puissent vivre cette grâce, eux aussi. J’ai envie que ceux que j’aime vivent quelque chose du bon que je vis moi-même. Quand je lis un super livre, quand je découvre un spectacle grandiose, j’ai envie d’en parler, je leur souhaite d’avoir du plaisir avec. Alors que dire d’une relation ? Et d’une relation avec Dieu, qui plus est.
Oui, les cadeaux reçus de la part de Dieu, je les souhaite à tout le monde.
Oui, cette joie dont Alain parlait la semaine dernière, je la souhaite à tout le monde. Cette joie en Lui qui fonde ma vie malgré les événements, je la souhaite à tout le monde.
Oui, cette intimité avec Dieu, je la souhaite à tout le monde. Se réveiller en sachant que Dieu ne s’est jamais éloigné de moi, même pendant mon sommeil, pouvoir lui parler tout le temps, pouvoir l’entendre, jouir de sa présence, je le souhaite à tout le monde. Et ça devient ma prière.
C’est ce que j’entends aussi dans cette prière de Jésus ; que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
S’il y en a un qui connaît de l’intérieur la présence du Père, c’est bien Jésus. Le verset 24 nous dit que Dieu a aimé son Fils dès avant la fondation du monde. Il connaît l’intensité de son amour, il connaît la puissance de la communion avec le Père. C’est de là qu’il a tiré sa capacité à affronter les épreuves de sa vie, la terreur de Gethsémané, par exemple. On voit toujours que Jésus prie avant de faire des choses importantes. En fait, quand il prend du temps avec son Père, Jésus revient à la source. A sa source.
Et parce qu’il nous aime, c’est sa prière pour nous : « Père, l’intimité que nous vivons tous les deux, qu’elle existe aussi entre eux et nous. »
« Toi en moi et moi en toi », Père, que ça devienne « eux en nous et nous en eux. »
C’est bien leur unité qui a fondé l’univers et l’humanité. Le prologue de Jean qui nous le dit : « AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. »
Dieu dit, et le Verbe crée. On sait que le Verbe c’est Jésus. Nous sommes nés de cette intimité entre le Père et le Fils, par le saint Esprit. Plusieurs fois Jésus a dit grosso modo que tout ce qu’il faisait, il l’avait vu faire par son père. Leur intimité est créatrice. Elle donne vie.
Or, si on ne peut pas revenir à la source utérine, si on ne peut pas retourner dans l’intimité du ventre de notre mère, on peut revenir à la source d’où l’on a été créé : le lieu où Jésus et son Père sont unis. C’est un lieu où circule l’amour. C’est là que nous sommes un. C’est de là que nous avons reçu la vie et c’est là que nous pouvons la recevoir à nouveau. C’est là qu’est notre unité. C’est là qu’est notre régénération, notre guérison, notre salut.
Ce texte est souvent un support pour parler de l’unité des chrétiens. Je ne sais pas si Jésus ne pensait qu’à cette unité-là. Mais psy je suis, et psy je reste quand je lis la bible. Je ne prétends pas que Jésus pensait à notre unité intérieure quand il a fait cette prière, mais ce texte me rappelle aussi que l’amour entre le Père et le Fils, par le saint Esprit est un lieu où je peux trouver mon unité. De moi à moi. Un lieu où mes guerres intestines peuvent trouver un répit. Et même une guérison.
Des gens qui ne sont pas « uns », unifiés en eux-mêmes, des gens qui se sentent divisés,
j’en rencontre tous les jours. Et vous aussi, je pense. Paul lui-même nous explique que ce qu’il voudrait faire, il ne le fait pas, et qu’il ne veut pas faire, il le fait. Rien de nouveau sous le soleil !
Qui, ici, peut dire qu’il se sent toujours en accord avec lui-même ? Parfois je suis fatiguée d’être moi, parce que je ne vis pas tout ce que je crois. Parce que ma foi reste trop souvent dans mes pensées, dans ma tête, et qu’elle ne s’incarne pas dans ma vie de tous les jours. Parce que je copie l’apôtre Paul, parce qu’il y a la Sophie du dehors et la Sophie du dedans. Parce que je ne sais pas si « qui je suis » c’est ce que me renvoient les autres ou bien ce que je crois, moi. Eh, Sophie, est-ce que tu te souviens qu’il y a un lieu où tu es accueillie et aimée exactement comme tu es ? Avec tout ce que tu aimes en toi et avec le reste, tes doutes, ton péché, tes fragilités ?
Quand la vie est trop dure, quand tu es trop chahuté par les événements ou les humains, va te réfugier dans ce lieu entre Jésus et son Père. Ce lieu n’est pas inaccessible, il est à l’intérieur de toi dès lors que tu as accepté de vivre avec Jésus pour compagnon. Et si tu ne l’as pas encore fait, ce lieu t’est accessible aussi, il suffit d’ouvrir la porte derrière laquelle Jésus t’attend.
« Qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi. ».
Vous voyez ces poupées gigognes ? La première est dans la deuxième et la deuxième est dans la troisième. Donc la troisième porte en sein la première. Le Père est en Jésus et Jésus est en nous, donc le Père et Jésus sont en nous. Pas besoin d’aller dans une session quelconque, un monastère ou de prendre un rendez-vous avec un responsable d’Église. Le Père est en toi, mon ami. Et l’amour qui circule dans l’intimité entre le Père et le Fils est en toi. L’amour qui crée. Qui recrée.
Une dernière réflexion avant de terminer.
Comment Jésus parle-t-il de nous dans cette prière ? Eh bien ! Il parle de nous d’une manière bizarre: « Père, je veux que là où je suis, ce que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, Dans le texte d’origine, « Ce » s’écrit « c » « e ». En grec, c’est un neutre. Globalement, nous sommes ce que le Père a donné au Fils. Avons-nous l’habitude de nous voir ainsi ? Nous sommes ce que le Père a donné au Fils. Notre origine est dans un amour qui nous fonde de toute éternité. Nous sommes au Père et le Père nous a donné à son Fils. Jésus s’occupe de nous et cette activité est la mission la plus sacrée qu’il ait reçue : nous sommes donnés à Jésus par le Père.
Et que fait Jésus dans cette prière ? Il prie pour qui ? Pour ses amis présents autour de Lui ? pas seulement. « Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. »
C’est qui ceux-là ? C’est toi, c’est moi, c’est tous ceux qui ont cru depuis 2000 ans, et tous ceux qui croiront en Lui jusqu’à son retour. Oui, tu as bien entendu, Jésus a prié pour toi avant sa mort, juste avant sa mort. Jésus prend soin de ce que le Père lui a donné, alors qu’il pourrait se préparer à la terrible épreuve qu’il sait devoir traverser. Bien avant que tu existes, Jésus priait déjà pour toi. Et il le fait encore, là où Il est.
Il est où en ce moment ? A la droite du Père. Et qu’a-t-il prié encore avant de partir ? « je veux » verset 24. Jésus dit à son Père : « je veux ». Il veut que là où il sera, nous soyons aussi avec lui. Jésus est monté à la droite du Père ! Y sommes-nous aussi ? Nous pensons : « ben non ! nous, nous sommes sur terre. » Oui, mais la prière de Jésus a été exaucée : Jésus n’est pas tout seul à la droite du Père, nous y sommes déjà par la foi. La foi, c’est croire que les paroles de Jésus sont vraies. La foi, c’est croire ce que l’on ne comprend pas. La foi, c’est accepter que des réalités soient mystérieuses et qu’elles soient vraies pour autant.
Crois-tu que ta place, aujourd’hui, est auprès de Dieu, dans sa gloire, au cœur même de l’intimité entre Jésus est son Père ?